07 février, 2023
«L'Union européenne n'a pas à interférer dans la gestion des forêts de ses États membres»
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L’UE doit protéger ses forêts et leurs externalités positives !
Jeudi 9 février, les représentants de la forêt privée française et suédoise se réunissent à l’Ambassade de Suède à Paris. Dans un contexte de présidence suédoise du Conseil européen, l’enjeu est d’alerter la Commission européenne sur les risques d’une politique inadaptée aux réalités de ses forêts et de ses bénéfices pour la société. La forêt couvre plus de 37% du territoire de l’UE , la Suède et la France en tête de classement aux côtés de l’Espagne et la Finlande.
Les forêts européennes ont tant à apporter. D’un point de vue économique, en tant que productrices de bois, au cœur d’une filière qui emploie 2,6 millions de personnes au sein de l’UE . D’un point de vue social en tant que terrains d’activités culturelles et recréatrices, véritable patrimoine à préserver pour les nations forestières. Et bien-sûr, d’un point de vue environnemental, en tant que puits de carbone, berceau de biodiversité, régulateur de la température et des microclimats locaux, garant de la qualité et de la disponibilité des eaux, protecteur contre les aléas naturels. Ces enjeux environnementaux sont plus que jamais au cœur de nos préoccupations dans un contexte de changement climatique.
Pourtant, certaines orientations prises par l’UE pourraient menacer l’avenir de ses forêts et de ses nombreuses externalités positives. D’abord, en matière de réduction de nos émissions de CO2. A travers la proposition RED III, la Commission européenne souhaite disqualifier progressivement la biomasse ligneuse primaire, c’est-à-dire le bois non transformé, de la catégorie des énergies renouvelables. Une décision aux conséquences contre-productives en termes de politique climatique, alors que le bois constitue une alternative aux énergies fossiles permettant de minimiser les émissions de CO2 dans l’atmosphère. A cela s’ajoute un impact économique néfaste pour les propriétaires forestiers. Le bois-énergie a toujours été un co-produit de la gestion forestière et des usages du bois, il leur est indispensable. J’invite vivement le Parlement européen et le Conseil de l’UE à considérer ces points, lors des négociations de révision de la directive du 7 février.
L’UE voudrait aussi imposer des mesures universelles de gestion forestière, notamment en matière de choix d’essences. C’est oublier la grande diversité de ses forêts ! Des divergences importantes existent d’une nation à l’autre et au sein même d’un pays. C’est le cas de la France, qui ne compte pas moins de quatre climats différents. Autre exemple, la volonté européenne de brider la plantation d’essences dites « exotiques ». Pourtant, « exotique » n’est pas forcément synonyme d’essence lointaine importée dans un milieu inadapté. Au contraire, cela peut signifier élargir l’aire de plantation d’une essence, désormais plus adaptée dans un milieu dont le climat a évolué. Un choix d’essence réfléchi est essentiel à l’adaptation de la forêt au changement climatique, dont elle est aussi la première victime.
Enfin, rappelons que les enjeux forestiers ne sont pas les mêmes aux échelles européenne et mondiale. Certaines mesures, si pertinentes soient-elles à l’autre bout de la planète, sont tout simplement inappropriées sur le territoire européen. Il est, certes, indispensable de lutter contre la déforestation importée et de favoriser un approvisionnement en bois européen. Cependant, un projet de règlement aux exigences contraignantes voudrait forcer les forestiers européens à prouver que leurs produits ne contribuent pas à déforester ou à dégrader les forêts. Pourtant, les forêts européennes, en dépit des idées reçues, ne sont pas concernées par la déforestation ! Au contraire, la surface forestière de l’UE gagne sans cesse du terrain. Elle a d’ailleurs augmenté de près de 10% entre 1990 et 2010 .
La Commission européenne doit prendre en considération les spécificités de ses forêts et ses multiples visages. Elle ne doit pas entraver les mesures de gestion forestière déjà appliquées à l’échelle nationale, et qui font leurs preuves, notamment en France et en Suède. Ces mesures promeuvent une gestion forestière durable, qui permet de protéger la forêt tout en préservant ses bénéfices, en matière d’atténuation du changement climatique et pourvoyeuse d’un matériau et d’une énergie renouvelables. Faisons confiance aux nations et à leurs professionnels de la forêt dans la mise en place de règles adaptées à la singularité de leurs forêts. La gestion forestière doit rester dans l’escarcelle des sylviculteurs qui en prennent soin de génération en génération.
Une politique forestière adaptée, au service de la préservation des forêts européennes et de leurs bénéfices est d’autant plus importante que le temps dans lequel s’inscrit la forêt est long. Toute décision prise aujourd’hui impactera nos forêts sur des dizaines d’années, et autant de temps sera nécessaire pour redresser la barre en cas de politique inappropriée.
Antoine d’Amécourt, Président de Fransylva
L’UE doit protéger ses forêts et leurs externalités positives !
Jeudi 9 février, les représentants de la forêt privée française et suédoise se réunissent à l’Ambassade de Suède à Paris. Dans un contexte de présidence suédoise du Conseil européen, l’enjeu est d’alerter la Commission européenne sur les risques d’une politique inadaptée aux réalités de ses forêts et de ses bénéfices pour la société. La forêt couvre plus de 37% du territoire de l’UE , la Suède et la France en tête de classement aux côtés de l’Espagne et la Finlande.
Les forêts européennes ont tant à apporter. D’un point de vue économique, en tant que productrices de bois, au cœur d’une filière qui emploie 2,6 millions de personnes au sein de l’UE . D’un point de vue social en tant que terrains d’activités culturelles et recréatrices, véritable patrimoine à préserver pour les nations forestières. Et bien-sûr, d’un point de vue environnemental, en tant que puits de carbone, berceau de biodiversité, régulateur de la température et des microclimats locaux, garant de la qualité et de la disponibilité des eaux, protecteur contre les aléas naturels. Ces enjeux environnementaux sont plus que jamais au cœur de nos préoccupations dans un contexte de changement climatique.
Pourtant, certaines orientations prises par l’UE pourraient menacer l’avenir de ses forêts et de ses nombreuses externalités positives. D’abord, en matière de réduction de nos émissions de CO2. A travers la proposition RED III, la Commission européenne souhaite disqualifier progressivement la biomasse ligneuse primaire, c’est-à-dire le bois non transformé, de la catégorie des énergies renouvelables. Une décision aux conséquences contre-productives en termes de politique climatique, alors que le bois constitue une alternative aux énergies fossiles permettant de minimiser les émissions de CO2 dans l’atmosphère. A cela s’ajoute un impact économique néfaste pour les propriétaires forestiers. Le bois-énergie a toujours été un co-produit de la gestion forestière et des usages du bois, il leur est indispensable. J’invite vivement le Parlement européen et le Conseil de l’UE à considérer ces points, lors des négociations de révision de la directive du 7 février.
L’UE voudrait aussi imposer des mesures universelles de gestion forestière, notamment en matière de choix d’essences. C’est oublier la grande diversité de ses forêts ! Des divergences importantes existent d’une nation à l’autre et au sein même d’un pays. C’est le cas de la France, qui ne compte pas moins de quatre climats différents. Autre exemple, la volonté européenne de brider la plantation d’essences dites « exotiques ». Pourtant, « exotique » n’est pas forcément synonyme d’essence lointaine importée dans un milieu inadapté. Au contraire, cela peut signifier élargir l’aire de plantation d’une essence, désormais plus adaptée dans un milieu dont le climat a évolué. Un choix d’essence réfléchi est essentiel à l’adaptation de la forêt au changement climatique, dont elle est aussi la première victime.
Enfin, rappelons que les enjeux forestiers ne sont pas les mêmes aux échelles européenne et mondiale. Certaines mesures, si pertinentes soient-elles à l’autre bout de la planète, sont tout simplement inappropriées sur le territoire européen. Il est, certes, indispensable de lutter contre la déforestation importée et de favoriser un approvisionnement en bois européen. Cependant, un projet de règlement aux exigences contraignantes voudrait forcer les forestiers européens à prouver que leurs produits ne contribuent pas à déforester ou à dégrader les forêts. Pourtant, les forêts européennes, en dépit des idées reçues, ne sont pas concernées par la déforestation ! Au contraire, la surface forestière de l’UE gagne sans cesse du terrain. Elle a d’ailleurs augmenté de près de 10% entre 1990 et 2010 .
La Commission européenne doit prendre en considération les spécificités de ses forêts et ses multiples visages. Elle ne doit pas entraver les mesures de gestion forestière déjà appliquées à l’échelle nationale, et qui font leurs preuves, notamment en France et en Suède. Ces mesures promeuvent une gestion forestière durable, qui permet de protéger la forêt tout en préservant ses bénéfices, en matière d’atténuation du changement climatique et pourvoyeuse d’un matériau et d’une énergie renouvelables. Faisons confiance aux nations et à leurs professionnels de la forêt dans la mise en place de règles adaptées à la singularité de leurs forêts. La gestion forestière doit rester dans l’escarcelle des sylviculteurs qui en prennent soin de génération en génération.
Une politique forestière adaptée, au service de la préservation des forêts européennes et de leurs bénéfices est d’autant plus importante que le temps dans lequel s’inscrit la forêt est long. Toute décision prise aujourd’hui impactera nos forêts sur des dizaines d’années, et autant de temps sera nécessaire pour redresser la barre en cas de politique inappropriée.
Antoine d’Amécourt, Président de Fransylva
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